Donner du sens à ses achats

Au détour d’une soirée entre amis, je questionne Laura, bénévole de la 1ère heure à Ma P’tite échoppe, une épicerie coopérative et solidaire qui a ouvert ses portes l’année dernière (février 2019 pour être précis) à Antony.



Désormais je fais principalement mes courses de fruits et légumes frais là-bas. Ils ont une belle offre bio (mais aussi non bio), les produits sont très bons, locaux quand c’est possible et les prix raisonnables. On peut également y trouver des produits laitiers des fermes alentours. J’y achète mes œufs également (locaux aussi). Comme une épicerie classique, ils proposent tous types de produits (du salé aux friandises, laitages, viandes, boissons et produits ménagers) et un peu de vrac. L’équipe, principalement bénévole, est toujours souriante et avenante. Là-bas on se sent un peu comme chez soi et personnellement j’aime beaucoup y aller. On peut prendre du temps en caisse (et je peux vous dire que lorsque je fais mes courses là-bas, j’en ai des choses dans mon panier !), les clients et le personnel sont détendus, ça fait du bien ! Le seul hic pour moi ? C’est qu’elle se situe à l’autre bout de ma ville, du coup j’y vais en voiture… il faut absolument que j’investisse dans une sacoche à vélo pour pouvoir y aller en vélo et là ce sera le bonheur !!

L’association, comme va nous l’expliquer Laura, propose aussi des ateliers (rôle d’intégrateur social dans le quartier).



Bonjour Laura, explique-nous en quelques mots, d’où est né le projet ?

'Une épicerie sociale existait déjà depuis 10 ans dans la ville. Elle était réservée aux personnes en difficulté financière. Nous avons voulu repartir de cette idée mais en l’ouvrant à tous pour éviter la stigmatisation. Nous voulions également pouvoir y proposer des produits plus qualitatifs.

Dans nos rêves les plus fous, nous avons aussi imaginé ce magasin comme un espace de vie en y intégrant des ateliers accessibles à tous et sur des thèmes très variés allant des jeux d’échecs à des cours d’anglais en passant par des ateliers cuisine ou zéro déchet.'



Et comment ça fonctionne ?

'C’est un magasin ouvert à tous. Au lieu que la marge des produits aillent dans la poche d’actionnaires, elle permet à des familles de la ville en difficulté financière d’aller faire leurs courses. Grâce au soutien de nos 2 partenaires principaux (Secours Catholique et la ville) les clients faisant leurs courses permettent à des famille aidées de payer en fonction de ses revenus (au préalable celle-ci doit faire un dossier auprès d’assistants sociaux de la ville). Au départ nous voulions tordre le cou à cette idée reçue comme quoi le « bien manger » est réservé aux privilégiés.  

A la base du projet nous étions 15 bénévoles. Aujourd’hui nous recensons + de 1200 adhérents. Ce n’est pas obligatoire d’être adhérent pour pouvoir aller faire ses courses mais être adhérent permet de pouvoir participer aux ateliers proposés et aux assemblées générales. Environ 80 bénévoles donnent de leur temps pour participer à la vie du magasin (tenir la caisse, rayonnage, réception, commandes…). Le temps à offrir est libre et peut varier suivant les changements de disponibilité des personnes. Enfin, 30 bénévoles sont aujourd’hui très actifs, c’est-à-dire qu’ils participent activement et de manière très régulière à la vie, l’organisation et le questionnement sur le devenir de Ma P’tite Echoppe. L’association emploie 3 salariés afin d’avoir des personnes pérennes et responsables du lieu.'



Auprès de qui vous fournissez-vous ? 

'Au niveau des fournisseurs, nous privilégions les fournisseurs locaux, bios mais également les fournisseurs en accord avec les valeurs de Ma P’tite Echoppe (par exemple Revivre qui travaille avec des personnes en réinsertion).'

Avez-vous des bons retours de vos clients et adhérents ? Est-ce que le modèle fonctionne bien ?

'Après 1 an et 7 mois d’ouverture et de fonctionnement nous avons dressé un bilan et le temps de confinement nous a permis de repenser notre organisation. Le fonctionnement a été remis à plat. Les missions des salariés ont été revisitées.

Pour l’instant le système fonctionne mais nous devons sans cesse anticiper les recherches de subvention (étant une association à but non lucratif, nous sommes soutenus par des organismes et la ville) et repenser la stratégie commerciale pour une pérennité à plus longue échelle.'

 


Dans le genre innovant et différent des hypermarchés traditionnels s’est ouvert il y quelques mois dans la ville voisine un supermarché coopératif et participatif. Le principe est un peu différent : pour pouvoir acheter il faut être coopérateur (à savoir donner de son temps, 3 heures toutes les 4 semaines). Chaque coopérateur est actif dans la vie du magasin. Le magasin propose des produits sains, de qualité et bio mais aussi conventionnels. La marge des produits est fixe quel que soit le produit (juste rémunération des fabricants et producteurs). Il n’y a pas de promotions, des prix justes toute l’année. Je ne connais pas encore bien mais je vous invite à aller voir leur site.

Si ce genre d’initiatives pouvait se généraliser un peu partout… ce serait vraiment gratifiant pour les habitants, les élus et les producteurs locaux. La planète ne s’en porterait pas plus mal également. Il serait peut-être vraiment temps que l’on apprenne à consommer différemment… Donner du sens à ses achats pour être consom’acteur. Consommer c’est voter. Reprenons du Pouvoir sur nos Achats.

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